Page:Zola - Fécondité.djvu/307

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l’addition. D’abord, le mois, trente francs, ensuite, les deux visites du médecin, six francs : et avec les médicaments, ça faisait bien dix francs.

« Ah ! je voulais vous dire, il a tant sali de linge, à cause de son dérangement de corps, que vous devriez bien ajouter trois francs pour le savon. Ça ne serait que justice, sans compter qu’il y a eu d’autres petits frais, du sucre, des œufs, de manière que, moi, à votre place, pour agir en bonne mère, je mettrais cinq francs… Quarante-cinq francs en tout, ça vous va-t-il ? »

Malgré son émoi, la mercière eut la sensation qu’on la volait, qu’on spéculait sur son tourment. Elle eut un geste de surprise et de révolte, à l’idée de donner tant d’argent, cet argent qu’elle avait si grand-peine à gagner. Il fallait en vendre, du fil et des aiguilles, avant d’amasser une telle somme ! Et son débat éperdu, entre ses nécessités d’économie et sa tendresse inquiète, aurait touché les cœurs les plus durs.

« Mais ça va me faire un demi-mois en plus ! »

Tout de suite, la Couteau redevint sèche.

« Qu’est-ce que vous voulez ? ce n’est pas ma faute. On ne peut pourtant pas le laisser mourir, votre enfant. Ce n’est point ce que vous demandez, je pense. Alors, il faut bien faire les dépenses nécessaires. Et puis, si vous n’avez plus confiance en moi, dites-le : vous enverrez votre argent directement, vous vous débrouillez ; et moi, ça me soulagera beaucoup, car, dans tout cela, j’y suis de mon temps et de ma peine, parce que j’ai toujours la bêtise d’être trop bonne. »

Mme  Menoux ayant cédé, de nouveau frissonnante et vaincue, une autre difficulté se présenta. Elle n’avait que de l’or, deux pièces de vingt francs et une de dix. Les trois pièces luisaient sur la table. La Couteau les regardait, de ses yeux jaunes et fixes.

« Moi, je ne peux pas vous rendre vos cent sous, je