Page:Zola - Fécondité.djvu/310

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chez les Vimeux, qu’avait succombé, quinze jours après son arrivée à Rougemont le dernier enfant de la femme de chambre, celui dont la Rouche, prévenue trop tard, n’avait pu faire un mort-né ; et les Vimeux, qui étaient un peu ses cousins, lui envoyaient leurs amitiés, en priant de lui annoncer aussi qu’ils mariaient leur fille chez la Gavette, le vieux qui soignait les nourrissons, pendant que la famille allait aux champs, était tombé dans le feu, avec un petiot aux bras ; mais, tout de même, on les en avait tirés, il n’y avait eu que le petiot de roussi. La Cauchois, pas mécontente au fond, craignait d’avoir des ennuis, parce que, d’un seul coup, il en était parti quatre de chez elle, à cause d’une fenêtre laissée ouverte, la nuit, par mégarde : tous les quatre des petits Parisiens, deux de l’Assistance et deux qui venaient de chez Mme  Bourdieu, la sage-femme. Depuis le commencement de année, on aurait cru vraiment fait exprès. Autant d’arrivés, presque autant d’enterrés. Si bien que le maire commençait à dire qu’il en mourait trop, que la commune finirait par se faire une mauvaise réputation. Et il était certain que la Couillard, la première, recevrait un beau jour la visite des gendarmes, si elle ne s’arrangeait pas pour en garder au moins un de vivant, de temps à autre.

« Ah ! cette Couillard !… Imagine-toi, ma chère, je lui en avais apporté un, un vrai jésus, le petit d’une jolie demoiselle que son papa, je crois, avait caressée de trop près. Quatre cents francs, pour l’élever jusqu’à sa première communion. Il a vécu cinq jours… Vrai, ce n’est pas assez. Je me suis mise dans une colère ! J’ai demandé à la Couillard si elle voulait me déshonorer… Moi, ce qui me perdra, c’est mon bon cœur. Je ne sais pas résister, quand on me demande un service ; et Dieu sait si je les aime, les enfants ! Je n’ai jamais vécu qu’avec eux. Ainsi, toi, tu en aurais encore un…