Page:Zola - Fécondité.djvu/380

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secoua d’une émotion affreuse, étant tombée d’un arbre, sans autre mal qu’une foulure. Mais les trois autres, Blaise, Denis et Ambroise, heureusement, faisaient leur solide allégresse, d’une santé de jeunes chênes. Et, lorsque Marianne accoucha de son sixième enfant, une fille, à qui l’on donna le gai nom de Claire, Mathieu fêta le nouveau cadeau de leur amour, ravi de cette augmentation de puissance et de fortune.

Puis, durant les deux années suivantes, les éternelles luttes, les tristesses et les joies continuèrent, aboutirent aux mêmes victoires. Marianne enfanta encore, Mathieu conquit d’autres terres. Toujours beaucoup de travail, beaucoup de vie dépensée, beaucoup de vie réalisée. Cette fois, il fallut agrandir le domaine du côté des landes, des pentes sablonneuses et pierreuses, où rien ne poussait depuis des siècles. Les sources du plateau, captées, épandues sur ces terrains incultes, les fertilisaient peu à peu, les couvraient d’une végétation grandissante. Il y eut d’abord des mécomptes, on put craindre la défaite, tant il fallut de patiente volonté à l’effort créateur. Mais les moissons, là aussi, débordèrent, tandis que des coupes intelligentes, dans le lot des bois achetés apportaient de gros profits, donnaient l’idée de livrer plus tard à la culture de vastes clairières, jusque-là encombrées de ronces. Les enfants grandissaient, à mesure que s’étendait le domaine. On avait dû mettre les trois aînés, les trois garçons, Blaise, Denis et Ambroise, dans un lycée de Paris, où ils se rendaient gaillardement chaque jour, par le premier train, pour en revenir chaque soir. Les trois autres, le petit Gervais, les fillettes, Rose et Claire, poussaient encore librement, lâchés en pleine nature. Il ne vint, de leur côté, que les misères accoutumées, des maux qui cédaient à une caresse, des pleurs que séchait un rayon de soleil. Mais, pour le septième enfant, les couches de Marianne furent si laborieuses,