Page:Zola - Fécondité.djvu/516

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Pour lui, l’occlusion des trompes, à la suite d’inflammations successives devenues chroniques, ne faisait pas de doute. Et c’était fini, et il avait laissé voir une sorte de surprise amusée de la douleur où il la plongeait, lui donnant à entendre qu’une grossesse tardive à son âge, était un désastre. Tant d’autres, parmi les dame ses clientes, se seraient montrées si heureuses de la bonne nouvelle ! Par centaines, il les avait châtrées, et il continuait à les châtrer par centaines, dans sa gaieté sonnante de bel opérateur, convaincu, comme il le disait parfois, que ses petits couteaux travaillaient à la richesse, à la joie du monde.

« Il ment, il ment ! cria furieusement Sérafine. C’est un assassin, et c’est ma joie qu’il a tuée !

— Quand je suis sortie de chez lui, acheva Constance, j’ai cru que j’allais tomber dans l’escalier… N’importe ! il a eu raison d’être brutal. Maintenant, je sais, c’est fini, bien fini, à jamais ! »

Et des sanglots, à son tour, l’étouffèrent. Longuement, Constance pleura sa maternité, à la place où Sérafine avait pleuré son plaisir ; tandis que Mathieu, maintenant, les regardait aux bras l’une de l’autre, la prude et l’impure, la mère et l’amante, rapprochées, confondues, dans le même désespoir d’impuissance.

Lorsque Constance quitta sa belle-sœur, elle pria Mathieu de lui offrir le bras, pour la reconduire. Elle avait renvoyé sa voiture, elle étouffait, elle voulait marcher. Et lui, bientôt, comprit dans quel but secret elle venait, saisissant l’occasion, de l’emmener ainsi.

« Mon cher cousin, lui dit-elle brusquement, dès qu’ils furent sur les quais déserts, marchant à petits pas, pardonnez-moi de revenir sur un sujet pénible, mais je souffre trop, ce dernier coup m’achève… L’enfant de mon mari, l’enfant qu’il a eu de cette fille, me hante, me torture l’esprit et le