Page:Zola - Fécondité.djvu/617

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terminée de subsistance, de sorte qu’il se trouvait par là même astreint à une quantité déterminée de population. De là, les coups de misère, lorsque les pauvres s’amusaient trop sur leurs grabats. On accusait la mauvaise distribution de la richesse ; mais c’était fou d’espérer une cité utopique, où il n’y aurait plus de patrons, rien que des frères, des travailleurs égaux, se partageant, comme un gâteau de fête, le bonheur universel. Alors, la faute en était donc certainement à l’imprévoyance des misérables, bien qu’il reconnût, avec une brutale franchise, la nécessité où les patrons se trouvaient d’utiliser ce trop d’enfants, pour embaucher au rabais les ouvriers nécessaires.

Et, se grisant, perdant tout souvenir, dans l’infatuation vaniteuse et têtue de ses idées, il en arriva bruyamment à son cas.

« On nous dit que nous ne sommes pas des patriotes, parce que nous n’avons pas des queues de mioches derrière nous. C’est stupide, chacun sert la patrie à sa façon. Si les pauvres bougres lui donnent des soldats, nous autres nous lui donnons nos capitaux, l’effort de notre industrie et de notre commerce… Enfin, n’est-ce pas ? chacun connaît ses affaires. La patrie sera bien avancée, quand nous nous serons ruinés à faire pour elle des enfants, qui nous casseront les bras, nous empêcheront de nous enrichir, détruiront derrière nous les œuvres créées, en se les partageant ! Avec nos lois, avec nos mœurs, il n’y a de solide fortune que pour le fils unique… Eh, mon Dieu ! oui, il s’impose, le fils unique, il est la seule sagesse, le seul bonheur possible. »

Cela devenait si pénible, si douloureux, que tous, pris de gêne, se taisaient. Lui triomphait, croyant les convaincre.

« Ainsi, moi… »

Constance l’interrompit. Elle avait marché d’abord la