Page:Zola - Fécondité.djvu/722

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et qui, maintenant, les amène pour qu’ils nous réconcilient tous, dans une embrassade générale ! »

Alors, il y eut un joyeux éclat de rire. Trop tard, les grands frères ! On n’avait eu besoin ni de leur sagesse, ni de leur diplomatie. Cela les égaya beaucoup eux-mêmes, soulagés d’avoir vaincu sans combattre. Marianne les yeux humides, divinement heureuse, si heureuse qu’elle en semblait guérie, répondit simplement à Mathieu :

« Tu vois, mon ami, c’est fait. Et je n’en sais pas encore davantage… Grégoire est venu, m’a embrassée, a voulu que je fisse immédiatement venir Gervais et Claire. Puis, de lui-même, il leur a dit qu’ils étaient fous tous les trois de me causer tant de chagrin et qu’ils devaient s’entendre… À leur tour, ils se sont embrassés. C’est fait, c’est fini. »

Gaiement, Grégoire intervint.

« Écoutez, j’ai l’air trop beau dans cette histoire, il faut que je vous dise la vérité… Ce n’est pas moi qui d’abord ai voulu la réconciliation, c’est ma femme, c’est Thérèse. Elle a un cœur de brave créature, avec une vraie tête de mule, à ce point que, lorsqu’elle a résolu une chose, je finis toujours par être obligé de la faire… Hier soir, nous nous sommes donc querellés, car elle avait su, je ne sais comment, que maman était malade de chagrin, et elle en souffrait, elle s’efforçait de me prouver la stupidité de cette querelle, où nous avions tous à perdre. Ce matin, elle a recommencé, naturellement, elle m’a convaincu, d’autant plus que je n’avais guère dormi, avec l’idée de cette pauvre maman malade par notre faute… Mais il restait le père Lepailleur à convaincre. Thérèse s’en est encore chargée, elle a même trouvé quelque chose d’extraordinaire, pour que le vieux s’imaginât être le vainqueur des vainqueurs. Elle l’a persuadé de vous vendre enfin la terrible enclave à un prix tellement