Page:Zola - Fécondité.djvu/723

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fou, qu’il pourra crier sa victoire sur les toits. »

Et, se tournant vers le fermier et la fermière, Grégoire ajouta, d’une façon plaisante :

« Mon bon Gervais, ma bonne Claire, je vous en prie, laissez-vous voler. Il y va de la tranquillité de ma maison. Donnez cette dernière joie à mon beau-père, de croire que lui seul a eu raison toujours, et que nous n’avons jamais été que des imbéciles !

— Oh ! tout l’argent qu’il voudra, répondit Gervais en riant. Elle est, du reste, un déshonneur pour le domaine, cette enclave qui le balafre comme d’une cicatrice de pierres et de ronces. Il y a longtemps que nous le rêvons sans tare, roulant sans obstacle ses moissons sous le soleil. Chantebled peut payer sa gloire. »

Ce fut une affaire réglée, le moulin verrait revenir sous ses meules le blé débordant de la ferme, élargie d’un champ nouveau. Et la maman guérirait, et c’était la force heureuse de la vie, le besoin d’amour, la solidarité nécessaire à toute la famille, à tout ce peuple désireux de garder la victoire, qui venait de s’imposer, d’exiger la fraternité des fils, assez fous pour avoir un instant détruit leur puissance, en se déchirant.

La joie de se retrouver là, Denis, Ambroise, Gervais, Grégoire, les quatre grands frères, et Claire, la grande sœur, réunis, réconciliés invincibles, fut encore augmentée, lorsque Charlotte survint, amenant les trois autres filles, Louise, Madeleine, Marguerite notariées dans le pays. La première, sachant la maman malade était allée chercher ses deux sœurs, pour venir ensemble aux nouvelles. Et quel bon rire, lorsque la procession entra !

« Tous alors ! cria plaisamment Ambroise. La famille au grand complet, une vraie réunion du grand conseil royal !… Tu vois, maman, il faut bien te porter, ta cour entière est à tes genoux, dans un vœu unanime, et ne te permet même pas une simple migraine. »