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LES ROUGON-MACQUART.

toilette de drap capucine, souriait à ce mot de grève, qui lui rappelait des visites et des distributions d’aumônes, dans les corons.

Mais madame Hennebeau, suivie de Négrel, parut, toute en soie noire.

— Hein ! est-ce ennuyeux ! cria-t-elle dès la porte. Comme s’ils n’auraient pas dû attendre, ces hommes !… Vous savez que Paul refuse de nous conduire à Saint-Thomas.

— Nous resterons ici, dit obligeamment M. Grégoire. Ce sera tout plaisir.

Paul s’était contenté de saluer Cécile et sa mère. Fâchée de ce peu d’empressement, sa tante le lança d’un coup d’œil sur la jeune fille ; et, quand elle les entendit rire ensemble, elle les enveloppa d’un regard maternel.

Cependant, M. Hennebeau acheva de lire les dépêches et rédigea quelques réponses. On causait près de lui, sa femme expliquait qu’elle ne s’était pas occupée de ce cabinet de travail, qui avait en effet gardé son ancien papier rouge déteint, ses lourds meubles d’acajou, ses cartonniers éraflés par l’usage. Trois quarts d’heure se passèrent, on allait se mettre à table, lorsque le valet de chambre annonça M. Deneulin. Celui-ci, l’air excité, entra et s’inclina devant madame Hennebeau.

— Tiens ! vous voilà ? dit-il en apercevant les Grégoire.

Et, vivement, il s’adressa au directeur.

— Ça y est donc ? Je viens de l’apprendre par mon ingénieur… Chez moi, tous les hommes sont descendus, ce matin. Mais ça peut gagner. Je ne suis pas tranquille… Voyons, où en êtes-vous ?

Il accourait à cheval, et son inquiétude se trahissait dans son verbe haut et son geste cassant, qui le faisaient ressembler à un officier de cavalerie en retraite.

M. Hennebeau commençait à le renseigner sur la situa-