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VII


C’était au Plan-des-Dames, dans cette vaste clairière qu’une coupe de bois venait d’ouvrir. Elle s’allongeait en une pente douce, ceinte d’une haute futaie, des hêtres superbes, dont les troncs, droits et réguliers, l’entouraient d’une colonnade blanche, verdie de lichens ; et des géants abattus gisaient encore dans l’herbe, tandis que, vers la gauche, un tas de bois débité alignait son cube géométrique. Le froid s’aiguisait avec le crépuscule, les mousses gelées craquaient sous les pas. Il faisait nuit noire à terre, les branches hautes se découpaient sur le ciel pâle, où la lune pleine, montant à l’horizon, allait éteindre les étoiles.

Près de trois mille charbonniers étaient au rendez-vous, une foule grouillante, des hommes, des femmes, des enfants, emplissant peu à peu la clairière, débordant au loin sous les arbres ; et des retardataires arrivaient toujours, le flot des têtes, noyé d’ombre, s’élargissait jusqu’aux taillis voisins. Un grondement en sortait, pareil à un vent d’orage, dans cette forêt immobile et glacée.

En haut, dominant la pente, Étienne se tenait, avec Rasseneur et Maheu. Une querelle s’était élevée, on en-