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GERMINAL.

il suffoqua dans un parfum pénétrant, qu’il crut être l’odeur des eaux de toilette, dont la cuvette se trouvait pleine. Un grand désordre encombrait la pièce, des vêtements épars, des serviettes mouillées jetées aux dossiers des sièges, le lit béant, un drap arraché, traînant jusque sur le tapis. D’ailleurs, il n’eut d’abord qu’un regard distrait, il s’était dirigé vers une table couverte de papiers, et il y cherchait la note introuvable. Deux fois, il examina les papiers un à un, elle n’y était décidément pas. Où diable cet écervelé de Paul avait-il bien pu la fourrer ?

Et, comme M. Hennebeau revenait au milieu de la chambre en donnant un coup d’œil sur chaque meuble, il aperçut, dans le lit ouvert, un point vif, qui luisait pareil à une étincelle. Il s’approcha machinalement, envoya la main. C’était, entre deux plis du drap, un petit flacon d’or. Tout de suite, il avait reconnu un flacon de madame Hennebeau, le flacon d’éther qui ne la quittait jamais. Mais il ne s’expliquait pas la présence de cet objet : comment pouvait-il être dans le lit de Paul ? Et, soudain, il blêmit affreusement. Sa femme avait couché là.

— Pardon, murmura la voix d’Hippolyte au travers de la porte, j’ai vu monter monsieur…

Le domestique était entré, le désordre de la chambre le consterna.

— Mon Dieu ! c’est vrai, la chambre qui n’est pas faite ! Aussi Rose est sortie en me lâchant tout le ménage sur le dos !

Hennebeau avait caché le flacon dans sa main, et il le serrait à le briser.

— Que voulez-vous ?

— Monsieur, c’est encore un homme… Il arrive de Crèvecœur, il a une lettre.

— Bien ! laissez-moi, dites-lui d’attendre.