Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sait bien sa figure blême, sans cesse tournée vers elle, et dont elle était fatiguée, tant elle y lisait de tendresse lâche. La vue de Julien, si humble et si aimant, l’arrêta net. Un sourire éclaira son visage pâle. Le salut était là. L’imbécile d’en face l’aimait d’une tendresse de dogue enchaîné, qui lui obéirait jusqu’au crime. D’ailleurs, elle le récompenserait de tout son cœur, de toute sa chair. Elle ne l’avait pas aimé, parce qu’il était trop doux ; mais elle l’aimerait, elle l’achèterait à jamais par le don loyal de son corps, s’il touchait au sang pour elle. Ses lèvres rouges eurent un petit battement, comme à la saveur d’un amour épouvanté dont l’inconnu l’attirait.

Alors, vivement, ainsi qu’elle aurait pris un paquet de linge, elle souleva le corps de Colombel, qu’elle porta sur le lit. Puis, ouvrant la fenêtre, elle envoya des baisers à Julien.