Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/171

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à monter chez la jeune fille. L’heure venue, Julien prendrait le cadavre sur son dos, le descendrait et l’irait jeter dans le Chanteclair, au bas de la rue Beau-Soleil. Rien n’était plus facile, à voir la tranquillité avec laquelle Thérèse expliquait tout ce plan.

Elle s’arrêta, puis posant les mains sur les épaules du jeune homme, elle demanda :

— Vous avez compris, c’est convenu ?

Il eut un tressaillement.

— Oui, oui, tout ce que vous voudrez. Je vous appartiens.

Alors, très sérieuse, elle se pencha. Comme il ne comprenait pas ce qu’elle voulait, elle reprit :

— Embrassez-moi.

Il posa en frissonnant un baiser sur son front glacé. Et tous deux gardèrent le silence.

Thérèse avait de nouveau tiré les rideaux du lit. Elle se laissa tomber dans un fauteuil, où elle se reposa enfin, abîmée dans l’ombre. Julien, après être resté un instant debout, s’assit également sur une chaise. Françoise n’était plus dans la pièce voisine, la maison n’envoyait que des bruits sourds, la chambre semblait dormir, peu à peu emplie de ténèbres.

Pendant près d’une heure, rien ne bougea.