Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/201

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d’eux. Il fallait que Rousseau vînt pour qu’un attendrissement universel se déclarât, et pour qu’on se mît à embrasser les chênes comme des frères. Aujourd’hui, notre passion des champs nous vient de ce grand mouvement naturaliste du dix-huitième siècle. Nous voulons la campagne dans sa rudesse, nous y fuyons la ville, au lieu d’y emporter la ville avec nous.

Rousseau est donc l’initiateur. Après lui, le romantisme donna une âme à la nature. Plus tard, avec Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo, on entra dans un panthéisme poétique, où sanglotait la fraternité des êtres et des choses. L’art antique avait divinisé la nature, l’art moderne l’a humanisée, tandis que notre art classique la passait tout simplement sous silence. Pourtant, Lamartine, si je ne me trompe, n’a pas écrit un vers sur la banlieue parisienne, et Victor Hugo en a parlé avec son effarement de prophète. Il faut dire que les environs de Paris, si intimes et si souriants, ne sont guère faits pour la poésie lyrique.