Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/278

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de Margot. L’Empereur s’indignait, car il n’y avait pas de bon sens à empêcher deux jeunesses de rire. Mais La Queue jurait toujours de tuer sa fille plutôt que de la donner au petit. D’ailleurs, Margot n’aurait pas voulu.

— N’est-ce pas ? tu es trop fière, criait-il. Jamais tu n’épouseras un gueux !

— Jamais, papa ! répondait Margot.

Le samedi, Margot but beaucoup d’une liqueur sucrée. On n’avait pas idée d’un sucre pareil. Comme elle ne se méfiait point, elle se trouva bientôt assise près du tonneau. Elle riait, heureuse, en paradis ; elle voyait des étoiles, et il lui semblait qu’il y avait en elle une musique jouant des airs de danse. Ce fut alors que Delphin se glissa dans l’ombre des tonneaux. Il lui prit la main, il demanda :

— Dis, Margot, veux-tu ?

Elle, souriait toujours. Puis, elle répondit :

— C’est papa qui ne veut pas.

— Oh ! ça ne fait rien, reprit le petit. Tu sais, les vieux ne veulent jamais… Pourvu que tu veuilles, toi.

Et il s’enhardit, il lui mit un baiser sur le cou. Elle se rengorgea, des frissons couraient le long de ses épaules.