Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/282

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plus, que la marée manquait ; et elle l’accusait de courir les filles de la côte, au lieu de s’occuper du merlan et du maquereau, qui auraient dû donner en abondance. M. Mouchel, vexé, se rejeta sur le singulier manque de parole de Coqueville. Un moment, la surprise apaisa la veuve Dufeu. À quoi songeait donc Coqueville ? Jamais il ne s’était conduit de la sorte. Mais elle déclara aussitôt qu’elle se fichait de Coqueville, que c’était à M. Mouchel d’aviser, et qu’elle prendrait un parti, s’il se faisait berner encore par les pêcheurs. Du coup, très inquiet, il envoya au diable Rouget et La Queue. Peut-être tout de même qu’ils viendraient le lendemain.

Le lendemain, jeudi, ni l’un ni l’autre ne parut. M. Mouchel, désespéré, monta vers le soir, à gauche de Grandport, sur le rocher d’où l’on découvre au loin Coqueville, avec la tache jaune de sa plage. Il regarda longtemps. Le village avait un air tranquille au soleil, des fumées légères sortaient des cheminées, sans doute les femmes préparaient la soupe. M. Mouchel constata que Coqueville était toujours à sa place, qu’un rocher de la falaise ne l’avait pas écrasé, et il comprit de moins en moins. Comme il allait redescendre, il crut apercevoir deux points noirs dans le golfe,