Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/332

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éloigné. Moi, je ne voyais rien ; Pierre, non plus. Mais Gaspard s’entêtait. C’était bien une barque. Les coups de rames nous arrivaient plus distincts. Alors, nous finîmes aussi par l’apercevoir. Elle filait lentement, ayant l’air de tourner autour de nous, sans approcher. Je me souviens qu’à ce moment nous fûmes comme fous. Nous levions les bras avec fureur, nous poussions des cris, à nous briser la gorge. Et nous insultions la barque, nous la traitions de lâche. Elle, toujours noire et muette, tournait plus lentement. Était-ce réellement une barque ? je l’ignore encore. Quand nous crûmes la voir disparaître, elle emporta notre dernière espérance.

Désormais, à chaque seconde, nous nous attendions à être engloutis, dans la chute de la maison. Elle se trouvait minée, elle n’était sans doute portée que par quelque gros mur, qui allait l’entraîner tout entière, en s’écroulant. Mais ce dont je tremblais surtout, c’était de sentir la toiture fléchir sous notre poids. La maison aurait peut-être tenu toute la nuit ; seulement, les tuiles s’affaissaient, battues et trouées par les poutres. Nous nous étions réfugiés vers la gauche, sur des chevrons solides encore. Puis, ces chevrons eux-mêmes parurent faiblir. Certainement, ils s’enfon-