Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/74

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des fils légers volent. Alors, devant l’église, sur la petite place, il y a des bousculades. Le cortège est long à se réorganiser. Ceux qui ne veulent pas aller plus loin, disparaissent. À deux cents mètres, au bout d’une rue, on aperçoit déjà les plumets du corbillard qui se balancent et se perdent, lorsque la place est encore tout encombrée de voitures. On entend les claquements des portières et le trot brusque des chevaux sur le pavé. Pourtant, les cochers prennent la file, le convoi se dirige vers le cimetière.

Dans les voitures, on est à l’aise, on peut croire qu’on se rend au Bois lentement, au milieu de Paris printanier. Comme on n’aperçoit plus le corbillard, on oublie vite l’enterrement ; et des conversations s’engagent, les dames parlent de la saison d’été, les hommes causent de leurs affaires.

— Dites donc, ma chère, allez-vous encore à Dieppe, cette année ?

— Oui, peut-être. Mais ce ne serait jamais qu’en août… Nous partons samedi pour notre propriété de la Loire.

— Alors, mon cher, il a surpris la lettre, et ils se sont battus, oh ! très gentiment, une simple égratignure… Le soir, j’ai dîné avec lui au cercle. Il m’a même gagné vingt-cinq louis.