Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/87

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la Bastille et suit la rue de la Roquette. Des passants lèvent les yeux, se découvrent. C’est un convoi riche, que les ouvriers de ce quartier populeux regardent passer, en mangeant des saucisses dans des morceaux de pain fendus.

En arrivant au cimetière, le convoi tourne à gauche et se trouve tout de suite devant le tombeau : un petit monument, une chapelle gothique, qui porte sur son fronton ces mots gravés en noir : Famille Guérard. La porte en fonte découpée, grande ouverte, laisse apercevoir la table d’un autel, où des cierges brûlent. Autour du monument, d’autres constructions dans le même goût s’alignent et forment des rues ; on dirait la devanture d’un marchand de meubles, avec des armoires, des commodes, des secrétaires, fraîchement terminés et rangés symétriquement à l’étalage. Les assistants sont distraits, occupés de cette architecture, cherchant un peu d’ombre sous les arbres de l’allée voisine. Une dame s’est éloignée pour admirer un rosier magnifique, un bouquet fleuri et odorant, qui a poussé sur une tombe.

Cependant, le cercueil a été descendu. Un prêtre dit les dernières prières, tandis que les fossoyeurs, en veste bleue, attendent à quelques pas. Les trois fils sanglotent, les yeux fixés sur le