Page:Zola - Le Capitaine Burle et 5 autres nouvelles.djvu/95

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de savoir nos affaires en ordre… Nous nous sommes mariés sous le régime de la communauté, quand nous ne possédions rien ni l’un ni l’autre. Aujourd’hui que nous avons gagné quelques sous, je ne veux pas que ma famille puisse venir te dépouiller… Ma sœur Agathe n’est pas si gentille pour que je lui laisse quelque chose. J’aimerais mieux tout emporter avec moi.

Et elle s’entête, il faut que son mari aille le lendemain chercher le notaire. Elle questionne ce dernier longuement, désirant que les précautions soient bien prises et qu’il n’y ait pas de contestations. Quand le testament est fait et que le notaire est parti, elle s’allonge, en murmurant :

— Maintenant, je mourrai contente… J’avais bien gagné d’aller à la campagne, je ne peux pas dire que je ne regrette pas la campagne. Mais tu iras, toi… Promets-moi de te retirer dans l’endroit que nous avions choisi, tu sais, le village où ta mère est née, près de Melun… Ça me fera plaisir.

M. Rousseau pleure à chaudes larmes. Elle le console, lui donne de bons conseils. S’il s’ennuie tout seul, il aura raison de se remarier ; seulement, il devra choisir une femme un peu âgée, parce que les jeunes filles qui épousent des veufs, épousent