Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/157

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vre d’une chute certaine, mais encore lui donna un grand éclat.

Elle s’était ménagée pendant les premiers actes, montrant une froideur calculée ; puis, au quatrième acte, sa passion éclata avec une fougue superbe qui enleva la foule. Je me rappelle encore l’ovation qu’on lui fit. Elle était méritée, tout le succès lui était dû. Des difficultés s’élevèrent, je crois, entre les acteurs et le directeur, et la pièce disparut de l’affiche, mais j’aurais été étonné si elle avait fait de l’argent, comme je le serais encore si elle en faisait aujourd’hui. Elle n’est vraiment pas assez d’aplomb ; madame Rousseil, malgré ses fortes épaules, ne saurait la tenir longtemps debout. Il y aurait toute une étude à écrire à propos de ces succès personnels des artistes, qui trompent souvent le public sur le mérite véritable d’une œuvre. Ce qui est consolant pour la dignité des lettres, c’est qu’une œuvre ainsi soutenue par le talent d’un artiste, n’a jamais qu’une vogue temporaire, et qu’elle disparaît fatalement avec son interprète.

J’ai également assisté à la première représentation de Froufrou, bien que je ne fisse pas alors de critique dramatique. Desclée se trouvait dans tout son triomphe de grande artiste. Ici, l’œuvre était une peinture charmante d’un coin de notre société ; les premiers actes surtout offraient les détails d’une observation très fine et très vraie ; j’aimais moins la fin qui tournait au larmoyant. Cette pauvre Froufrou était en vérité trop punie ; cela serrait inutilement le cœur et terminait cette série de tableaux parisiens par une gravure poncive, faite pour tirer des larmes aux personnes sensibles.