Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/170

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quand on ne trouve plus son nom dans les journaux. Il est très possible qu’on ait gâté madame Sarah Bernhardt comme tant d’autres, en lui donnant l’habitude de voir le monde tourner autour d’elle. Mais, dans ce cas, elle est une victime et non une coupable. Paris a toujours eu de ces enfants gâtés qu’il comble de sucre, dont il veut connaître les moindres gestes, qu’il caresse à les faire saigner, dont il dispose pour ses plaisirs avec un despotisme d’ogre aimant la chair fraîche. La presse à informations, le reportage, la chronique, ont donné un retentissement formidable à ces caprices de Paris, voilà tout. La question est là et pas ailleurs. Il serait vraiment cruel de s’être amusé pendant dix ans de la maigreur de madame Sarah Bernhardt, d’avoir fait courir sur elle une légende diabolique, de s’être mêlé de toutes ses affaires privées et publiques en tranchant bruyamment les questions dont elle était seule juge, d’avoir occupé le monde de sa personne, de son talent et de ses œuvres, pour lui crier un jour : « A la fin, tu nous ennuies, tu fais trop de bruit ; tais-toi. » Eh ! taisez-vous, si cela vous fatigue de vous entendre !

Voilà ce que j’avais à dire. C’est un simple procès-verbal. Je n’attaque pas la presse à informations, qui m’amuse et qui me donne des documents. Je crois qu’elle est une conséquence fatale de notre époque d’enquête universelle. Elle travaille, plus brutalement que nous, et en se trompant souvent, à l’évolution naturaliste. Il faut espérer qu’un jour elle aura l’observation plus juste et l’analyse plus nette, ce qui ferait d’elle une arme d’une puissance irrésistible En attendant, je lui demande simplement de ne pas