Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le point sur lequel je veux surtout insister est que, désormais, les gens du monde devront avoir pour les simples écrivains quelque respect ; car, si j’ai vu parfois des écrivains ressembler à des princes dans un salon, je n’ai jamais vu un homme du monde qui ne se rendît parfaitement ridicule, en écrivant un roman ou une pièce de théâtre.

Certes, je le répète, je ne veux en aucune façon décourager M. Talray. La distraction qu’il a choisie est louable. Ses vers sont médiocres, mais pleins de bonne volonté. Puis, j’aurais peur d’enlever leur dernière planche de salut aux théâtres menacés de faillite. Les auteurs sont rares qui consentent à payer chèrement leurs chutes. En somme, des pièces comme Spartacus ne font de mal à personne. On sait de quelle façon on doit les prendre. M. Talray lui-même, si son échec le contrarie, peut dire à ses amis qu’il a simplement voulu tenir une gageure. Mon Dieu ! oui, il aurait parié, après un déjeuner de garçons, d’ennuyer le public et d’ahurir la critique ; et son pari serait gagné, oh ! bien gagné !