Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/256

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amusante façon. Voyez ce qui a lieu, chaque fois qu’on reprend un de ses drames : ce sont des sourires, des plaisanteries, des chicanes dans les journaux. Cela ne supporte plus l’examen, et cela achèvera de tomber en poussière avant trente ans. Mais il y a plus : les critiques qui sont les champions enragés de la convention, ne laissent pas jouer un drame historique nouveau, sans l’éplucher soigneusement, sans en discuter la vérité, tellement ils sont emportés eux-mêmes par le courant de l’époque.

Que se passe-t-il donc ? Mon Dieu, une chose bien visible. C’est que nous devenons de plus en plus savants, c’est que ce besoin croissant d’exactitude qui nous pénètre malgré nous, se manifeste en tout, aussi bien au théâtre qu’ailleurs. Tel est le courant naturaliste dont je parle si souvent, et qui fait tant rire. Il nous pousse à toutes les vérités humaines. Quiconque voudra le remonter sera noyé. Peu importe la façon dont la vérité historique triomphera un jour sur les planches ; la seule chose qu’on peut affirmer, c’est qu’elle y triomphera, parce que ce triomphe est dans la logique et dans la nécessité de notre âge. Prendre des exemples dans les pièces nouvelles pour démontrer que la vérité n’est pas commode à dire, c’est là une besogne puérile, une façon aisée de plaider son impuissance et ses terreurs. Il vaudrait mieux montrer ce que les pièces nouvelles apportent déjà de décisif au mouvement, appuyer sur les tâtonnements, sur les essais, sur tout cet effort si méritoire que nos jeunes auteurs, et M. Jules Claretie le premier, font en ce moment.

La question est facile à résumer. Toutes les pièces historiques écrites depuis dix ans sont médiocres et