Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/260

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dernièrement au théâtre de la Porte-Saint-Martin, ce mensonge qui se moque parfaitement de l’histoire : comme il a une logique qui lui est propre, comme il est complet en son genre, il intéresse. Voyez maintenant Camille Desmoulins, dont certaines parties sont aussi fausses, et dont d’autres parties contiennent textuellement des documents : la pièce n’est plus qu’un monstre, le mélange manque d’équilibre et arrive à ne contenter personne. Tel est le cas. Il est d’une bonne foi douteuse, en cette affaire, de vouloir faire payer les pots cassés à la formule naturaliste.

Je conclurai en répétant que le drame historique est désormais impossible, si l’on n’y porte pas l’analyse exacte, la résurrection des personnages et des milieux. C’est le genre qui demande le plus d’étude et de talent. Il faut non seulement être un historien érudit, mais il faut encore être un évocateur nommé Michelet. La question de mécanique théâtrale est secondaire ici. Le théâtre sera ce que nous le ferons.


III

Il me reste à parler de deux gros drames, la Convention nationale et l’Inquisition. Au Château-d’Eau, la Convention nationale a tué par le ridicule le drame historique. En vérité, nos auteurs n’ont pas de chance avec l’histoire de notre Révolution. Ils ne peuvent y toucher sans ennuyer profondément ou sans faire rire aux éclats les spectateurs. Si l’on excepte le Chevalier de Maison-Rouge, qui pourrait aussi bien se passer sous Louis XIII que sous la Terreur, pas une p