Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/261

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ièce sur la Révolution, qu’elle soit signée d’un nom inconnu ou d’un nom connu, n’a remporté un véritable succès. Et cela s’explique aisément : la Révolution est encore trop voisine de nous, pour que notre système de mensonge, dans les pièces historiques, puisse lui être sérieusement appliqué. Ce mensonge va librement de Mérovée à Louis XV. Puis, dès qu’ils entrent dans la France contemporaine, qui commence à 89, les auteurs perdent pied fatalement, parce que nous ne pouvons plus adopter leurs calembredaines romantiques sur une époque dont nous sommes. Aussi n’a-t-on jamais risqué des drames historiques, en dehors du Cirque, sur Napoléon Ier, Charles X, Louis-Philippe, Napoléon III et les deux dernières Républiques. Le drame historique actuel, étant basé sur les erreurs les plus grossières, en est réduit à montrer au peuple l’histoire que le peuple ne connaît pas, uniquement parce qu’il peut alors la travestir à l’aise.

L’épreuve est concluante, la possibilité du mensonge s’arrête à la Révolution. Pour que le drame historique s’attaquât à notre histoire contemporaine, il lui faudrait renouveler sa formule, chercher ses effets dans la vérité, trouver le moyen de mettre sur les planches les personnages réels dans les milieux exacts. Un homme de génie est nécessaire, tout bonnement. Si cet homme de génie ne naît pas bientôt, notre drame historique mourra, car il est de plus en plus malade, il agonise au milieu de l’indifférence et des plaisanteries du public.

Quant à l’Inquisition, de M. Gelis, jouée au Théâtre des Nations, c’est un mélodrame noir qui arrive quarante ans trop tard. Cela ne vaut pas un compte rendu. Je n’en parlerais même pas, sans la mort