Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/269

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soldats de ne pas recommencer une lutte insensée ; mais, lorsque Stencko, en apprenant que Mikla est restée comme otage, refuse le commandement et retourne à la cour de Ladislas IV pour la sauver, le vieux chef oublie sa mission, oublie sa fille, et saisit le sabre de chef suprême, par amour de la patrie en larmes. Ensuite, c’est Stencko, qui veut enlever Mikla ; là, apparaît Marutcha, une sorte de prophétesse qui conduit les Cosaques au combat, et Marutcha décide les jeunes gens à se sacrifier pour leur pays. Mikla reste à la cour afin d’endormir les soupçons de Ladislas. Enfin, le quatrième acte est vide d’action, on y voit simplement Froll-Gherasz préparant la victoire par des tirades sur les devoirs du soldat. Puis, au cinquième acte, nous retombons de nouveau dans l’unique situation, Stencko a été blessé, Mikla a été sauvée de l’échafaud par Rogoviane qui veut se faire aimer d’elle, et elle expire sur le corps de Stencko, elle tombe assassinée par le traître, lorsque celui-ci entend arriver les Cosaques vainqueurs.

Je ne puis m’arrêter à discuter les détails, la maladresse de certaines péripéties. Le point de départ est singulièrement faible ; ce père, qui laisse sa fille en otage, devrait se connaître et ne pas jouer si aisément les jours de son enfant. On n’est pas ému le moins du monde de la douleur de Froll-Gherasz, parce qu’en somme il a voulu cette douleur. Agamemnon sacrifiant Iphigénie est beaucoup plus grand. Mais ce qui me frappe surtout, c’est le cercle dans lequel tourne la pièce. Comme je l’ai dit en commençant, l’Hetman a eu du succès, en dehors de toutes les règles. Il ne devait pas avoir de succès,