Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/278

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comique. Vraiment, Jean Dacier sera un bon argument pour les défenseurs du drame historique ! Il achève le genre, il est le coup de grâce.

Je songeais à la Patrie en danger, de MM. Edmond et Jules de Concourt. Voilà, jusqu’à présent, le modèle du genre historique nouveau, tel que je l’exposais tout à l’heure. Aussi les directeurs ont-il tremblé devant une œuvre qui avait le vrai parfum du temps, et les auteurs ont ils dû publier la pièce, en renonçant à la faire jouer. Il y aurait un parallèle bien curieux à établir entre la Patrie en danger et Jean Dacier ; les deux sujets se passent à la même époque et ont plus d’un point de ressemblance. La première est une œuvre de vérité, tandis que la seconde est faite « de chic », comme disent les peintres, uniquement pour les besoins de la scène.

Au demeurant, la salle a failli craquer sous les applaudissements, le premier soir. Vive la France !


III

J’arrive au Marquis de Kénilis, le drame en vers que M. Lomon a fait jouer au théâtre de l’Odéon. Je n’analyserai pas la pièce. A quoi bon ? Le sujet est le premier venu. Il se passe en Bretagne, à l’époque de la Révolution, ce qui permet d’y prodiguer les mots de patrie, d’honneur, de gloire, de victoire. Nous y voyons l’éternelle intrigue des drames faits sur cette époque : un enfant du peuple aimant une fille d’aristocrate, devenant plus tard capitaine, puis épousant la demoiselle ou mourant pour elle. La situation forte consiste à mettre le capitaine entre son amour et son devoir ; il ouvre en mer un pli cac