Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/299

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les eaux vulgaires du mélodrame. Quant à Coupeau et à Gervaise, ils se marient et sont heureux. On prétend, il est vrai, que la pièce était en cinq actes et qu’on l’a réduite pour les besoins du Gymnase. Je serais bien curieux de connaître les deux actes que M. Montigny a fait couper.

Et voyez le prodige, les rencontres ne s’arrêtent pas là ! La fille des Coupeau, Nana, est aussi dans la pièce. Or, cette Nana était encore bien embarrassante ; on pouvait, à la vérité, ne pas pousser les choses jusqu’au bout, en la ramenant au bercail, avant qu’elle eût glissé à la faute ; mais elle n’en demeurait pas moins un danger, si l’on ne mettait pas à côté d’elle une consolation. Aussi Nana a-t-elle une sœur, une demoiselle bien élevée et sans tache, grandie en dehors du milieu ouvrier, et qui, au dénoûment, épousera le patron de la fabrique où travaille Coupeau. Cela compense tout.

Je ne veux pas insister davantage. Je répète une fois encore que j’accuse le hasard seul. Il m’a paru simplement intéressant de montrer comment, sans le vouloir, MM. Lafontaine et Richard ont tiré de l’Assommoir la pièce que des hommes de théâtre auraient pu y trouver. En outre, comme j’ai accordé de grand cœur à deux auteurs dramatiques l’autorisation de porter sur les planches le sujet de mon livre, j’ai pensé que je devais me prononcer sur la question soulevée dans la presse, à propos de Pierre Gendron.

Si l’on veut maintenant mon avis tout net sur cette comédie, j’ajouterai qu’elle me plaît médiocrement. Les auteurs ont dû la baser sur une situation fausse. Toute la pièce tient sur ce fait que Gervaise a refusé d’épouser Coupeau, parce qu’elle a appartenu à Lantier,