Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/317

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ns. Rodolphe sent bien vite qu’il s’est donné un maître. Mais, lorsqu’il veut sauver son bonheur menacé, tout un drame commence. Désirée exerce sur Mathilde un empire absolu. Elle fâche les époux, elle emmène la jeune femme et la pousse à plaider en séparation.

Les choses finiraient fort mal sans doute, si Rodolphe n’avait pour ami un jeune peintre, Montbrisson, qui arrive fort dépenaillé au premier acte, mais qui est un garçon de belle humeur et de talent. Rodolphe l’installe chez lui. C’est encore le nid des autres, habité seulement par un oiseau qui paye son gîte en égayant ses hôtes et en veillant sur leur bonheur. A la fin, quand Montbrisson reparaît, il s’est réconcilié avec son père et il n’a qu’un mot à dire pour confondre la prétendue comtesse de Villetaneuse, dont il vient d’apprendre l’histoire. Ai-je besoin d’ajouter que cet excellent Montbrisson épouse une sœur de Rodolphe, que les auteurs ont mise là tout exprès ? Je n’ai pas parlé non plus d’un certain Ducluzeau, un vieil ami de Désirée, qui pille aussi le nid des autres d’une façon impudente.

Il paraît que cette comédie, qui au fond n’est qu’un drame avorté, est une histoire tristement vraie, dont tout Paris s’est occupé autrefois. Et, à ce propos, M. Francisque Sarcey, le critique si écouté du Temps, faisait remarquer combien cette histoire portée au théâtre est devenue pauvre d’allures et même invraisemblable dans les détails. Sa remarque est fort juste, en apparence. Pendant les trois actes, j’ai été blessé par un je ne sais quoi, par des sous-entendus qui m’échappaient et qui m’empêchaient de comprendre nettement la pièce. Ainsi, je ne m’expliquais pas du tout l’empire que Désirée exerce sur Mathilde. Comment