Page:Zola - Le Naturalisme au théâtre, Charpentier, 1881.djvu/379

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de leurs opérettes qu’elles sont d’amusantes caricatures, qui se haussent parfois jusqu’à la comédie. Quant à leurs imitateurs, que je ne veux pas nommer, ce sont eux qui ont traîné l’opérette à l’égout. Et quels étranges succès, faits d’on ne sait quoi, qui s’allument et qui brûlent comme des traînées de poudre ! On peut le définir : la rencontre de la médiocrité facile d’un auteur avec la médiocrité complaisante d’un public. Les mots qui entrent dans toutes les intelligences, les airs qui s’ajustent à toutes les voix, tels sont les éléments dont se composent les engouements populaires.

On nous fait espérer la mort prochaine de l’opérette. C’est, en effet, une affaire de temps, selon les hasards de la mode. Hélas ! quand on en sera débarrassé, je crains qu’il ne pousse sur son fumier quelque autre champignon monstrueux, car il faut que la bêtise sorte quand même, comme les boutons de la gale ; mais je doute vraiment que nous puissions être affligés d’une démangeaison plus désagréable.


V

Quelle marâtre que la vogue ! Comme elle dévore en quelques années ses enfants gâtés ! Le cas de M. Offenbach est fait pour inspirer les réflexions les plus philosophiques.

Songez donc ! M. Offenbach a été roi. Il n’y a pas dix ans, il régnait sur les théâtres ; les directeurs à genoux, lui offraient des primes sur des plats d’argent ; la chronique, chaque malin, lui tressait d