Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/132

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aux malheureux. Un pauvre diable mourrait de faim à sa porte, qu’il ne lui apporterait pas un morceau de pain ni un verre d’eau. S’il jouit d’une considération quelconque, c’est qu’il a dérobé cette considération comme tout ce qui lui appartient... »

Revertégat s’arrêta, regardant sa nièce, ne sachant s’il devait continuer.

« Et vous auriez la naïveté d’aller chez un pareil homme ? dit-il enfin. Je ne puis tout dire, je ne puis parler des vices de Guillaume. Ce vieillard a des passions ignobles ; par moments, il oublie son avarice, il contente ses appétits de luxure. On raconte tout bas des marchés honteux, des séductions révoltantes...

– Assez ! » cria Marius avec force.

Fine, rouge et consternée, baissait la tête, n’ayant plus ni courage ni espérance.

« Je vois que l’argent est trop cher, reprit le jeune homme, et qu’il faut se vendre pour en acheter. Ah ! si j’avais le temps de gagner par mon travail la somme qu’il nous faut ! »

Ils restèrent tous trois silencieux, ne pouvant trouver aucun moyen de salut.