Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/137

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et ses joues avaient des blancheurs de cire. On voyait qu’un cri terrible, le cri de la vérité, s’élevait en elle et la rendait toute chancelante.

Quand Fine, avec une voix douce et des caresses attendries, lui eut fait comprendre qu’elle pouvait peut-être éviter à Philippe une suprême humiliation, elle se leva toute droite et dit d’une voix brisée :

« Je suis prête, disposez de moi... J’ai dans les entrailles un enfant qui me parle sans cesse de son père. Je voudrais apaiser la colère de ce pauvre petit être qui n’est pas encore né.

– Eh bien ! reprit Fine chaleureusement, aidez-moi dans notre œuvre de délivrance... Je suis certaine que vous obtiendriez tout au moins un sursis, en tentant une démarche.

– Mais, fit observer l’abbé Chastanier, Mlle Blanche ne peut aller seule à Aix. Je dois l’accompagner... Je sais que M. de Cazalis, s’il apprend ce voyage, me fera les plus graves reproches. J’accepte pourtant la responsabilité de cet acte, car je crois agir en honnête homme. »

Dès que la bouquetière eut obtenu un consentement, elle laissa à peine le temps au vieillard et à la jeune fille de faire quelques préparatifs. Elle revint avec eux à Marseille, elle les poussa dans la diligence, et c’est ainsi qu’elle les amena triomphalement dans Aix. Le lendemain Blanche devait se rendre chez le président qui avait prononcé le jugement de Philippe.

Marius, lorsque Fine eut terminé son récit, l’embrassa vivement sur les deux joues, ce qui fit monter des lueurs roses au front de la jeune fille.