Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/178

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M. Authier, qui demandait, effectivement, à faire un emprunt sur la maison de la rue de Rome. Il priait Douglas de faire usage de sa procuration et de lui envoyer l’argent au plus tôt. Quand Marius eut achevé sa lecture :

« Voilà une demande d’emprunt qui arrive à propos, reprit le notaire, car M. Mouttet me presse de plus en plus pour lui trouver un placement sûr et avantageux. Vous trouvant, dès aujourd’hui le procureur fondé de mes deux clients, du prêteur et de l’emprunteur, vous allez pouvoir les contenter tous deux sur-le-champ. Il s’agit simplement de me donner votre signature, et j’enverrai à M. Authier les fonds que m’a fait remettre M. Mouttet. »

Marius trouva que Douglas allait bien vite en besogne. Il aurait voulu voir les immeubles, échanger au moins une lettre avec les personnes qu’il devait représenter. Certes, il ne doutait pas de la bonne foi du notaire, mais il ne pouvait se défendre d’une crainte vague et inexplicable. Le malaise de la veille le reprenait, il lui semblait qu’il descendait dans un trou d’ombre, et la voix douce, les sourires de Douglas le troublaient étrangement. D’ailleurs, il ne savait comment définir la sensation bizarre qui s’emparait de lui ; il voulut réagir.

Le notaire apprêtait déjà les papiers sur lesquels il fallait que Marius mît sa signature. Il s’arrêta brusquement :

« Ah ! diable ! dit-il, il nous manque une pièce... Je vais l’envoyer chercher au bureau des hypothèques par un de mes commis. »

Douglas paraissait très contrarié. Marius, comme poussé par un instinct, obéissant au malaise qu’il éprouvait, se leva vivement :

« Je ne puis attendre, dit-il, je devrais déjà être chez M. Martelly. Remettons, si vous le voulez bien, la signature des pièces à après-demain, lundi.

– Soit ! dit le notaire, en hésitant. J’aurais préféré