Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/181

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Il hésitait encore à accuser Douglas, il y avait comme un bourdonnement dans sa tête qui l’empêchait de juger nettement la situation. Il reçut avec une sorte d’embarras la poignée de main d’adieu que lui donna M. de Girousse, en lui disant :

« Au revoir. Venez donc ouvrir la chasse avec moi. Cela m’amusera. »

Lorsque le comte se fut éloigné, Marius resta dans une perplexité poignante. Sans doute, il y avait malentendu. Cependant, les affirmations de M. de Girousse étaient nettes et décisives :

M. Authier n’était pas connu à Lambesc, et, dès lors, Douglas mentait dans un intérêt quelconque. Le jeune homme n’osait tirer les conséquences de ce mensonge : il devinait des gouffres sous ses pas et s’expliquait le malaise qu’il éprouvait en face du notaire. N’ayant encore que des soupçons, il se promit de découvrir la vérité entière, avant de s’engager en rien et de donner sa signature. D’ailleurs il comprenait quelle gravité aurait la moindre accusation, et il décida qu’il procéderait en toute prudence, sans rien brusquer et sans montrer sa défiance.

Le lendemain était un dimanche. Dès le matin, Marius, ayant devant lui une journée de liberté, se rendit rue de Rome où se trouvait l’immeuble acquis par Authier. Cet immeuble consistait en une grande et belle maison, louée à différents locataires. Marius muni de son pouvoir de procureur fondé, questionna habilement chacun de ces locataires. Il eut bientôt la certitude qu’aucun d’eux ne connaissait M. Authier, ne l’avait même jamais vu, et que tous jusque-là, avaient traité directement avec le notaire Douglas.

Les soupçons du jeune homme se confirmaient. Il voulut tenter une dernière épreuve et alla trouver l’ancien propriétaire de la maison, dont un des locataires lui donna l’adresse. Ce propriétaire se nommait Landrol et demeurait dans une rue voisine.

« Monsieur, lui dit Marius, je suis chargé par M. Authier de gérer la maison que vous lui avez vendue, et je