Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/241

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XV

Comme quoi Marius eut du sang sur les mains


En entrant dans la salle, Marius aperçut à une table Sauvaire entre Clairon et Isnarde. Le maître portefaix n’avait pas quitté les deux filles depuis le matin. Il se leva et vint serrer la main du jeune homme.

« Ah ! mon ami, dit-il, que vous avez eu tort de ne pas venir avec nous !... Nous nous sommes amusés comme des bossus. Ces filles sont d’un drôle ! Elles feraient rire des pierres... Voilà comme j’aime les femmes, moi ! »

Il entraîna Marius à la table où Clairon et Isnarde buvaient de la bière. Le jeune homme s’y assit d’assez mauvaise grâce.

« Monsieur, lui dit Isnarde, voulez-vous que je m’associe avec vous, ce soir ?

– Non, répondit-il sèchement.

– Il fait bien de refuser, cria Sauvaire d’une voix bruyante. Tu veux le faire perdre, ma chère... Tu connais le proverbe : Heureux en amour, malheureux au jeu. »

Et il ajouta à voix basse, en s’adressant à son compagnon :

« Pourquoi ne la prenez-vous pas pour maîtresse ?... Vous ne voyez donc pas les regards qu’elle vous lance. »

Marius, sans répondre, se leva et alla s’asseoir devant la table de jeu. Une partie s’organisait, et il avait hâte de retrouver les émotions de la veille.