Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/252

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Il laissa aller sa tête sur l’oreiller, il reprit d’une voix d’enfant :

« J’ai été bien malade, n’est-ce pas ?

– Tout est fini, ne pensons plus à ces vilaines choses, dit gaiement la bouquetière. Où étiez-vous donc allé, mon ami, les manches de votre paletot étaient toutes mouillées ? »

Marius passa la main sur son front.

« Oh ! je me souviens, s’écria-t-il, c’est affreux !... »

Alors il raconta à Fine les deux terribles nuits qu’il avait passées dans le tripot. Il se confessa à elle, retraça une à une ses angoisses et ses souffrances.

« C’est une terrible leçon, dit-il en terminant. J’avais douté, je m’étais adressé au hasard. Un instant, j’ai frissonné, j’ai cru sentir en moi tous les instincts du joueur. Me voilà guéri avec un fer rouge. »

Il s’arrêta et reprit avec inquiétude :

« Combien de temps suis-je resté malade ?

– Environ trois semaines, répondit Fine.

– Oh ! mon Dieu ! trois semaines perdues... Nous n’avons plus devant nous qu’une vingtaine de jours.

– Eh ! ne vous inquiétez pas de cela, guérissez-vous.

– M. Martelly ne m’a pas fait demander ?

– Ne vous inquiétez pas, vous dis-je. Je suis allée le voir, tout est arrangé. »

Marius parut plus calme. Fine continua :

« Il n’y a plus qu’un parti à prendre, c’est d’emprunter l’argent à M. Martelly. Nous aurions dû commencer par là... Tout ira bien... Maintenant, dormez, ne parlez plus, le médecin l’a défendu. »

La convalescence marcha rapidement, grâce aux soins tendres et dévoués de Fine. La jeune fille avait compris que son sourire devait suffire maintenant pour guérir Marius, et, chaque matin, elle apportait son sourire, son haleine fraîche qui emplissait la petite chambre d’un souffle de printemps.

« Ah ! que c’est bon d’être malade ! » répétait souvent le convalescent.