Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/253

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Les deux amoureux passèrent ainsi une semaine charmante. Leur amour avait grandi au milieu de la souffrance et des craintes de la mort. Un nouveau lien les unissait l’un à l’autre. Désormais, ils s’appartenaient.

Au bout de huit jours d’une intimité gaie et émue, lorsque, par un clair soleil, Marius put descendre et faire quelques pas sur le cours Bonaparte, on les prit, lui et Fine, pour deux amoureux, au lendemain des fiançailles. Ils s’étaient fiancés dans le dévouement, dans la douleur. Maintenant, ils marchaient doucement, la bouquetière soutenant le jeune homme encore faible et le regardant avec des regards charmés. Elle se montrait fière de son œuvre, fière de la guérison de son amant, et lui la remerciait avec des sourires, pleins d’une reconnaissance passionnée.

Le lendemain, l’employé voulut retourner à son bureau, et Fine dut se fâcher pour qu’il se reposât un ou deux jours encore. Il avait hâte de voir M. Martelly ; il désirait sonder le terrain et savoir s’il pouvait compter sur l’armateur.

« Eh ! rien ne presse, disait la bouquetière avec un calme qui étonnait le jeune homme. Nous avons une grande semaine devant nous. Il suffit que nous ayons l’argent au dernier moment. »

Deux jours s’écoulèrent, Marius finit par obtenir de la jeune fille qu’elle le laissât reprendre son emploi. Il fut convenu entre eux que le lundi suivant, ils partiraient pour Aix. Fine parlait comme si elle avait eu dans la poche la somme nécessaire à la liberté de Philippe.

Marius se rendit à son bureau et fut reçu par M. Martelly avec une bonté de père. L’armateur voulait lui accorder encore une semaine de congé, mais le jeune homme lui assura que le travail achèverait de le guérir. Il restait honteux en sa présence, il pensait que, dans deux ou trois jours, il tenterait auprès de lui l’emprunt d’une forte somme, et cette pensée le gênait.