Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/255

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jeune homme. Il se souvint d’avoir vu l’individu qu’il avait sous les yeux, dans la sacristie, un jour qu’il était allé chercher l’abbé Chastanier. Il y eut comme une brusque secousse dans son intelligence, et, poussé par une sorte de divination :

« C’est M. Donadéi qui vous envoie, n’est-ce pas ? demanda-t-il à son tour.

– Oui, répondit le bedeau après avoir hésité de nouveau.

– Eh bien ! donnez-moi ce paroissien, je le remettrai à Mlle Claire.

– C’est que M. l’abbé m’a bien recommandé de ne le donner qu’à cette demoiselle.

– Elle l’aura dans un instant. Elle n’est peut-être pas levée : vous la dérangeriez.

– Vous me promettez bien de faire la commission ?

– Certainement.

– Dites à cette demoiselle que M. l’abbé a trouvé, hier, ce paroissien dans son confessionnal et qu’il m’a chargé de le lui rapporter... M. l’abbé présente ses compliments à mademoiselle.

– Je dirai tout cela, soyez tranquille. »

Le bedeau posa le paroissien sur le bureau et se retira, après avoir fait une révérence. Même en fermant la porte, il hésitait encore et restait méfiant.

Quand il fut parti, Marius s’étonna de l’insistance qu’il avait mise à vouloir pénétrer jusqu’à Mlle Claire. Il se rappela vaguement les éloges que Donadéi lui avait faits de la jeune sœur de M. Martelly. Il regardait le paroissien, et sa pensée s’égarait dans des explications, dans des raisonnements vagues.

D’un mouvement machinal, il allongea le bras et prit le livre de messe. Il le sortit de son étui. C’était un de ces volumes épais, presque carrés, qui ont des coins en argent ciselé, emprisonnant une riche reliure. Sur le plat étaient brodées les initiales de la jeune fille.

Marius considérait ce livre, le retournait dans ses mains, lorsqu’il s’aperçut qu’un mince bout de papier