Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/257

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la douceur dévote et caressante des mots ; l’idée était paraphrasée, délayée dans ce style baroque dont se servent certains prêtres ; mais Donadéi n’avait pu sans doute trouver une périphrase religieuse pour parler de la chaise de poste, et sa lettre hypocrite se terminait grossièrement par une offre de gendarme, à laquelle on ne pouvait se tromper. Un désir âpre avait dû emporter le gracieux abbé et lui faire oublier la prudence sournoise qui le guidait dans tous ses actes.

L’employé lut et relut le billet, en se demandant ce qu’il allait faire. Il était indigné, la colère montait en lui. Mais une pensée inquiète le retenait. Il ignorait le mal qui avait pu être commis, il ne savait ce que pensait Mlle Claire, et il craignait que Donadéi, dans l’ombre mystérieuse du confessionnal, n’eût déjà réussi à troubler le cœur de la jeune fille. Avant de frapper le prêtre, il voulait savoir s’il ne frapperait pas sa victime. Pour rien au monde, il ne se serait hasardé à soulever un scandale qui aurait certainement tué M. Martelly.

Il résolut de punir l’abbé d’une façon originale, s’il devait ne punir que lui. Il prit le paroissien et se rendit chez Mlle Claire, tremblant de saisir sur son visage une émotion accusatrice.