Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/298

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courut prévenir M. de Cazalis que tout était fini et que sa nièce se mourait.

Le député arriva en toute hâte et fut très contrarié en voyant que la nourrice ne se trouvait pas là. D’ailleurs, il se contint : il lui fallait ne pas montrer son anxiété devant le docteur et la sage-femme. Au fond, il se souciait médiocrement des souffrances de sa nièce, mais il dut jouer l’inquiétude et l’affection, en face de l’accouchée étendue toute blanche sur le lit. Il demanda au docteur s’il y avait encore quelque danger.

« Je ne le pense pas, répondit celui-ci, et je crois que je puis me retirer. »

Il ajouta, en montrant la sage-femme :

« La présence de madame suffira. Seulement, je ne saurais trop vous recommander d’éviter à madame toute contrariété, toute émotion forte. Il y va de sa vie... Je reviendrai demain. »

Comme M. de Cazalis reconduisait le docteur, la nourrice arriva. Il rentra avec elle dans la petite maison et lui fit de vifs reproches, en remontant à la chambre de Blanche. La nourrice s’excusa de son retard, et le député lui donna ses dernières instructions. Elle allait emporter le nouveau-né et veiller sur lui avec une vigilance de toutes les heures. Le lendemain matin, elle devait repartir pour le village qu’elle habitait, dans un coin perdu du département des Basses-Alpes. Il espérait qu’on n’irait pas chercher son neveu au fond d’un pareil trou.

Il trouva près de l’accouchée Mme Lambert et la sage-femme, qui s’empressaient silencieusement autour du lit. Lorsqu’il s’approcha pour prendre l’enfant, afin de le remettre à la nourrice, il rencontra les yeux de Blanche, qui venaient de s’ouvrir tout grands et qui se fixèrent sur lui. Il osa pourtant allonger la main, malgré ce regard.

Alors, la jeune femme fit un suprême effort. Elle réussit à se mettre sur son séant et à attirer son fils contre sa poitrine.