Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/328

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femme, une voix étouffée, pleine d’effroi, qui balbutiait :

« Ouvrez, ouvrez vite, pour l’amour de Dieu ! »

Il lui sembla reconnaître cette voix, il tira les verrous.

Fine entra d’un bond dans la chambre, referma vivement la porte, essoufflée, défaillante. Pendant une minute, elle reprit haleine, les mains sur son cœur, ne pouvant parler.

Philippe la regardait avec étonnement. Jamais elle ne venait à cette heure chez Ayasse, et il fallait qu’il se passât quelque chose de bien grave pour qu’elle eût risqué une pareille visite, qui le compromettait.

« Quoi donc ? demanda-t-il.

– Ils sont là, répondit Fine en poussant un profond soupir, je les ai vus sur la route et je me suis mise à courir à travers champs pour arriver avant eux.

– De qui parlez-vous ? »

Elle le regarda comme surprise de sa question.

« Ah ! oui, reprit-elle, vous ne savez rien... Je venais pour vous dire qu’on devait vous arrêter ce soir.

– On doit m’arrêter ce soir ! cria le jeune homme en se redressant avec colère.

– Cet après-midi, continua l’ancienne bouquetière, Marius a appris par un hasard providentiel que M. de Cazalis avait requis deux gendarmes pour opérer une arrestation du côté de Saint-Barnabé.

– Toujours, toujours cet homme !

– Alors, Marius, qui est rentré fou de douleur, m’a chargée d’accourir ici, de prendre l’enfant, et de vous conjurer de fuir. »

Philippe fit un pas vers la porte.

« Eh ! non, s’écria la jeune femme avec désespoir, il est trop tard maintenant. Je ne suis pas arrivée à temps. Je vous ai dit qu’ils étaient là. »

Elle sanglotait, elle venait de s’asseoir sur une chaise, près du petit Joseph, et elle le regardait dormir, accablée. Philippe tournait dans la salle, comme pour chercher une issue.