Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Et pas un moyen de salut ! murmurait-il. Ah ! j’aime mieux tout risquer. Donnez-moi l’enfant. La nuit vient et peut-être aurai-je le temps de m’échapper. » Il se baissait pour prendre Joseph, lorsque Fine lui saisit les mains, en faisant un geste énergique qui l’invitait à prêter l’oreille. Alors, dans le silence frissonnant, on entendit un bruit de pas devant la maison. Presque en même temps, on heurta brutalement à coups de crosse. Une voix rude cria :

« Ouvrez, au nom de la loi ! »

Philippe devint très pâle et se laissa glisser sur le canapé, à côté de son fils.

« Tout est perdu, murmura-t-il.

– N’ouvrez pas, dit Fine à voix basse. Marius m’a recommandé dans le cas où vous ne pourriez fuir, d’entraver autant que possible votre arrestation, afin de gagner du temps.

– Pourquoi n’est-il pas venu lui-même ?

– Je ne sais. Il ne m’a point communiqué ses projets, il est parti de son côté en courant, tandis que je montais en fiacre pour venir ici.

– Il ne vous a pas dit s’il viendrait nous prêter secours ?

– Non... Je vous le répète, il était fou de douleur. Je l’ai entendu seulement murmurer : « Dieu veuille que je réussisse ! »

À ce moment, les crosses heurtèrent plus violemment la porte, et de nouveau retentit le cri terrifiant :

« Ouvrez, au nom de la loi ! »

Fine mit un doigt sur ses lèvres, pour recommander à Philippe un silence absolu. Chaque coup, chaque mot leur donnait une secousse, augmentait leur angoisse. Entre eux, le petit Joseph dormait toujours, mais d’un sommeil inquiet et agité.

Il y avait déjà près de cinq minutes que les gendarmes frappaient et criaient. L’un d’eux finit par déclarer à M. de Cazalis que la maison paraissait vide et qu’ils n’avaient pas de pouvoirs suffisants pour enfoncer la porte.