Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/379

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Cazalis, je savais bien que les circonstances nous serviraient... Nous voilà en pleine révolution... Il s’agit de travailler à nos petites affaires.

– Que vas-tu faire ? demanda tout bas l’ancien député.

– Oh ! ce que je vais faire est très simple. Maintenant que le peuple est fou, je vais le guider à ma fantaisie... Il suffit qu’il se batte là où je le conduirai. »

Et, comme M. de Cazalis, ne comprenant pas, l’interrogeait du regard, l’espion ajouta :

« Fiez-vous à moi... Je n’ai pas le temps de tout vous expliquer... Un dernier mot : je vous conseille de profiter de votre déguisement pour vous mêler à une compagnie de garde nationale... S’il y a une barricade quelque part, marchez avec la troupe qui l’attaquera.

– Pourquoi ?

– Ne m’avez-vous pas dit que vous étiez impatient et curieux ?... Alors, faites ce que je vous dis : vous serez aux premières places. »

Mathéus ricana et reprit en regardant son maître en face : « Vous comprenez, vous pourriez tenir Philippe au bout de votre fusil. N’allez pas le manquer, au moins... Et pas de mauvaise plaisanterie, ne tirez pas sur moi, pour vous débarrasser de ma personne... C’est entendu. Quand la barricade sera prise, je vous ferai voir comment je travaille. »

Mathéus s’éloigna rapidement. Il avait hâte d’aller embrouiller les choses. Comme il suivait la rue Grignan pour entrer dans la rue Saint-Ferréol et se mêler aux ouvriers qui se retiraient, il aperçut sur le trottoir deux hommes qui causaient vivement. Il reconnut Marius et Philippe.

« Attends, attends, murmura-t-il tout en courant, je vais bien te forcer à venir te battre avec nous. »

Marius suppliait Philippe de ne point se compromettre davantage. Il lui parlait de son fils, de leur bonheur à tous. Et, comme son frère faisait des gestes d’impatience :