Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/405

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XVII

Ce que le prévoyant Mathéus n’avait pas prévu


L’entrevue fut courte et émue. Philippe prit un instant le petit Joseph sur ses genoux, et il éprouva un brusque attendrissement.

« Je vous le confie, dit-il à Fine et à Marius. Je ne le reverrai peut-être pas, mais je sais qu’il lui restera toujours un père et une mère. »

Marius demeura silencieux. Il comprenait que son frère croyait accomplir un devoir, et il ne lui dit plus un mot pour le retenir. Fine avait de grosses larmes dans les yeux.

Philippe parut faire un effort pour s’arracher de cette chambre où flottait un muet désespoir. Il voulut échapper aux lâchetés tendres qui l’envahissaient. Il donna un dernier baiser à son fils et le remit sur les genoux de Fine. Puis, marchant d’un pas fiévreux, comme pour secouer ses pensées, il alla vers la fenêtre. Cette fenêtre donnait sur la Grand-Rue. Alors, il se tourna vers la jeune femme, après avoir jeté un regard au-dehors.

« Il ne faudra pas rester sur la chaise où vous êtes, lui dit-il. Venez vous mettre de ce côté, loin de la fenêtre... Des balles pourraient entrer ici. »

Il s’arrêta et ne put retenir un cri qui lui montait aux lèvres.

« Ah ! la guerre est maudite ! Je l’ai appelée de tous mes vœux, et la voilà qui met en danger ceux que j’aime ! » Sa main serrait désespérément son front. Il était sur