Page:Zola - Les Mystères de Marseille, Charpentier, 1885.djvu/51

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chargés de visiter le bastidon de Puyricard, trouvèrent le nid vide. Isnard offrit obligeamment de conduire deux gendarmes à sa campagne du Tholonet, se doutant qu’il ferait une promenade inutile. Le commissaire de police, accompagné également de deux gendarmes, se dirigea vers les Trois-bons-Dieux. Il avait emmené un serrurier avec lui, Isnard ayant répondu vaguement que la clef de la maison était cachée sous une pierre, à droite de la porte.

Il était environ six heures, lorsque le commissaire arriva devant la campagne. Toutes les ouvertures étaient closes, aucun bruit ne venait de l’intérieur. Il s’avança et, d’une voix haute, frappant du poing le bois de la porte :

« Au nom de la loi, ouvrez ! » cria-t-il.

L’écho seul répondit. Rien ne bougea. Au bout de quelques minutes, se tournant vers le serrurier :

« Crochetez la porte », reprit le commissaire.

Le serrurier se mit à l’œuvre. On entendit dans le silence le grincement du fer. Alors, le volet d’une fenêtre s’ouvrit violemment, et, au milieu des clartés blondes du soleil levant le cou et les bras nus, apparut Philippe Cayol, dédaigneux et irrité.

« Que voulez-vous ? » dit-il, en s’accoudant sur l’appui de la fenêtre.

Au premier coup frappé par le commissaire, les amants s’étaient réveillés. Assis tous deux sur le matelas, dans les frissons du réveil, ils avaient écouté avec anxiété le bruit des voix.

Le cri : « Au nom de la loi ! », ce cri qui retentit terrible aux oreilles des coupables avait frappé le jeune homme en pleine poitrine. Il s’était levé, frémissant, éperdu, ne sachant que faire. La jeune fille, accroupie, enveloppée dans le drap, les yeux encore gros de sommeil, pleurait de honte et de désespoir.

Philippe comprenait que tout était fini et qu’il n’avait plus qu’à se rendre. Et une sourde révolte montait en lui. Ainsi ses rêves étaient morts, il ne serait jamais