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XII

Qui prouve que le cœur d’un geôlier n’est pas toujours de pierre


Pendant que Marius, avant le procès, courait la ville inutilement, Fine travaillait de son côté à l’œuvre de délivrance. Elle entreprenait une campagne en règle contre la conscience de son oncle, le geôlier Revertégat.

Elle s’était installée chez lui et passait ses journées dans la prison. Du matin au soir, elle cherchait à se rendre utile, à se faire adorer de son parent qui vivait seul, comme un ours grondeur avec ses deux petites filles. Elle l’attaqua dans son amour paternel, elle eut des cajoleries charmantes pour les enfants, dépensa toutes ses économies en joujoux, en dragées, en chiffons de toilette.

Les petites n’avaient pas l’habitude d’être gâtées. Aussi se prirent-elles d’une tendresse bruyante pour leur grande cousine qui les faisait danser sur ses genoux et qui leur distribuait de si belles et de si bonnes choses. Le père fut attendri, il remercia Fine avec effusion.

Malgré lui, il subissait l’influence pénétrante de la jeune fille. Il grondait lorsqu’il lui fallait la quitter. Elle semblait avoir apporté avec elle la senteur douce de ses fleurs, la fraîcheur de ses roses et de ses violettes. La loge sentait bon, depuis qu’elle se trouvait là, rieuse et légère, ses jupes claires paraissaient y faire de la lumière, de l’air, de la gaieté. Tout riait maintenant