Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/262

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Dehors, Pierre et M. de Guersaint marchèrent lentement, au milieu du flot sans cesse accru de la foule endimanchée. Le ciel était d’un bleu pur, le soleil embrasait la ville ; et il y avait dans l’air une gaieté de fête, cette joie vive des grandes foires qui mettent au plein jour la vie de tout un peuple. Quand ils eurent descendu le trottoir encombré de l’avenue de la Grotte, ils se trouvèrent arrêtés au coin du plateau de la Merlasse, tellement la cohue y refluait, parmi le continuel défilé des voitures.

— Nous ne sommes pas pressés, dit M. de Guersaint. Mon idée est de monter à la place du Marcadal, dans la vieille ville ; car la servante de l’hôtel m’y a indiqué un coiffeur, dont le frère loue des voitures à bon compte… Ça ne vous fait rien d’aller par là ?

— Moi ! s’écria Pierre. Mais où vous voudrez, je vous suis !

— Bon ! et, par la même occasion, je me ferai raser.

Ils arrivaient à la place du Rosaire, devant les gazons qui s’étendent jusqu’au Gave, lorsqu’une rencontre les arrêta de nouveau. Madame Désagneaux et Raymonde de Jonquière étaient là, qui causaient gaiement avec Gérard de Peyrelongue. Toutes deux avaient des robes claires, des robes légères de plage, et leurs ombrelles de soie blanche luisaient au grand soleil. C’était une note jolie,