Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/268

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Il était brave homme au fond, malgré son air d’homme indispensable, accablé des responsabilités les plus lourdes. À son tour, il retint les visiteurs, il leur donna, sur l’organisation de l’Hospitalité, des détails complets : les prières dites en commun, les deux conseils d’administration tenus par jour, où assistaient les chefs de service, ainsi que les pères et certains des aumôniers. On communiait le plus souvent possible. Puis, c’étaient des besognes compliquées, un roulement de personnel extraordinaire, tout un monde à gouverner d’une main ferme. Il parlait en général qui remporte chaque année une grande victoire sur l’esprit du siècle ; et il renvoya Berthaud finir de déjeuner, il voulut absolument reconduire ces dames jusqu’à la petite cour sablée, ombragée de beaux arbres.

— Très intéressant, très intéressant ! répétait madame Désagneaux. Oh ! monsieur, combien nous vous remercions de votre obligeance !

— Mais du tout, du tout, madame ! C’est moi qui suis enchanté d’avoir eu l’occasion de vous montrer mon petit peuple.

Gérard n’avait pas quitté Raymonde. M. de Guersaint et Pierre se consultaient déjà du regard, pour se rendre enfin à la place du Marcadal, lorsque madame Désagneaux se rappela qu’une amie l’avait chargée de lui expédier une bouteille d’eau de Lourdes. Et elle questionna Gérard sur la façon dont elle devait s’y prendre.

— Voulez-vous, dit-il, m’accepter encore pour guide ? Et, tenez ! si ces messieurs consentent à nous suivre, je vous ferai voir d’abord le magasin où l’on emplit les bouteilles, qui sont bouchées, mises en boîte, puis expédiées. C’est très curieux.

Tout de suite, M. de Guersaint consentit ; et les cinq se remirent en marche, madame Désagneaux entre l’architecte et le prêtre, tandis que Raymonde et Gérard