Page:Zola - Les Trois Villes - Lourdes, 1894.djvu/400

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très raisonnable, profita-t-il de l’occasion pour faire les recommandations les plus sages.

— Ah ! monsieur le curé, je vous en prie, dites bien à ces messieurs du clergé de ne pas laisser d’espace entre eux, de marcher sans hâte, les uns dans les autres… Et surtout qu’on tienne les bannières solidement, pour qu’elles ne soient pas chavirées… Quant à vous, monsieur le curé, veillez à ce que les hommes du dais soient vigoureux, et serrez le linge autour du nœud de l’ostensoir, n’ayez pas peur de le porter à deux mains, de toute votre force.

Un peu effrayé par ces recommandations, le prêtre remerciait toujours.

— Sans doute, sans doute, vous êtes bien aimable… Ah ! monsieur, que de reconnaissance je vous ai, pour m’avoir aidé à sortir de tout ce monde !

Et, dégagé enfin, il se hâta de gagner la Basilique par l’étroit chemin en lacets qui monte au travers du coteau ; tandis que son compagnon se replongeait dans la cohue, pour aller reprendre son poste de surveillance.

Au même moment, Pierre, qui amenait Marie dans son chariot, se heurtait, de l’autre côté, du côté de la place du Rosaire, contre le mur impénétrable de la foule. À trois heures, la servante de l’hôtel l’avait réveillé, pour qu’il allât prendre la jeune fille à l’Hôpital. Rien ne pressait, ils avaient grandement le temps d’arriver à la Grotte, avant la procession. Mais cette foule immense, ce mur résistant qu’il ne savait par où percer, commençait à lui causer quelque inquiétude. Jamais il ne passerait avec la petite voiture qu’il traînait, si les gens n’y mettaient pas un peu de complaisance.

— Allons, mesdames, allons, je vous en prie !… Vous voyez bien, c’est pour une malade !

Les dames ne bougeaient pas, hypnotisées par la vue de la Grotte braisillante au loin, se haussant sur la pointe