Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/125

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ont de grandes douceurs. Mais, enfin, je comprends que vous vouliez causer avant tout avec Sa Sainteté… Ensuite, n’est-ce pas ? vous verrez, vous verrez.

Et, de nouveau, il s’intéressa beaucoup à la demande d’audience. Vivement, il regrettait que Pierre n’eût pas lancé cette demande de Paris même, avant son arrivée à Rome : c’était la plus sûre façon de la faire agréer. Au Vatican, on n’aimait guère le bruit, et pour peu que la nouvelle de la présence du jeune prêtre se répandît, pour peu qu’on causât des motifs qui l’amenaient, tout allait être perdu.

Mais, lorsque Nani sut que Narcisse s’était offert pour présenter Pierre à l’ambassadeur de France près du Saint-Siège, il parut pris d’inquiétude, il se récria.

— Non, non ! ne faites pas cela, ce serait de la dernière imprudence !… D’abord, vous courez le risque de gêner monsieur l’ambassadeur, dont la situation est toujours délicate en ces sortes d’affaires… Puis, s’il échouait, et ma crainte est qu’il n’échoue, oui ! s’il échouait, ce serait fini, vous n’auriez plus la moindre chance d’obtenir, d’autre part, l’audience demandée ; car on ne voudrait pas infliger à monsieur l’ambassadeur la petite blessure d’amour-propre d’avoir cédé à une autre influence que la sienne.

Anxieusement, Pierre regarda Narcisse, qui hochait la tête, l’air gêné, hésitant.

— En effet, finit par murmurer ce dernier, nous avons demandé dernièrement, pour un personnage politique français, une audience, qui a été refusée ; et cela nous a été fort désagréable… Monseigneur a raison. Il faut réserver notre ambassadeur, ne l’employer que lorsque nous aurons épuisé les autres moyens d’approche.

Et, voyant le désappointement de Pierre, il reprit avec son obligeance :

— Notre première visite sera donc pour mon cousin, au Vatican.